Chapelle Saint-Gilles XII-XXe siècle

L’acte de fondation de la chapelle a été rédigé le 23 juillet 1122 dans l’église de Châteaux (Château-la-Vallière). Par cet acte, Pétronille, veuve de Geoffroy de Sonzay, donnait au prieur et aux religieux de Saint-Christophe tous les biens qu’elle possédait à Châteaux, à condition qu’ils bâtissent et desservent près de leur prieuré un sanctuaire en l’honneur de saint Gilles. L’édifice, construit sur le coteau de la rive droite de l’Escotais, à 750 m à vol d’oiseau de l’église et du prieuré, en bordure de l’ancienne route de Saint-Christophe à Tours, dépendait de l’abbaye Saint-Florent de Saumur.

À proximité, se tenait certainement la célèbre foire aux chevaux de Saint-Christophe. Au début du XVe siècle, la chapelle est reconstruite par le prieur de Saint-Christophe, Jehan Gratius. Des fresques, recouvrant les murs et les voûtes, ont sans doute été  réalisées à cette époque. Au XVe siècle, un cimetière jouxtait la chapelle.

Au XIXe siècle, un pèlerinage rassemblait, tous les premiers septembre, de nombreux fidèles venus particulièrement de l’Anjou et du Maine. Une procession se rendait en chantant de l’église paroissiale à la chapelle ; les mendiants s’alignaient le long du  parcours, espérant des aumônes. En Touraine, saint Gilles passait pour guérir le cancer, parfois appelé « mal de saint Gilles »

En 1979, l’édifice a été restauré par la municipalité avec l’aide de toute la population (une somme de 12 421 francs a été recueillie ainsi que des dons de tuiles). La chapelle abrite trois statuettes du XIXe siècle en terre cuite polychrome : un saint moine représentant peut-être saint Benoît gauche), saint Christophe (au centre) et saint Gilles (à droite). Au mur sud : une statue très naïve en tuffeau dite « Vierge au lévrier ».

L’édifice actuel qui date du XVe siècle, se compose d’une nef unique percée de trois baies en arc en plein cintre (fenêtre sur le mur sud, porte sur le mur nord et grande porte surmontée d’une fenêtre sur la façade ouest). La façade ouest est surmontée d’un clocheton en ardoise dans lequel est placée une petite cloche, d’un diamètre de 30 à 40 cm, fondue par Peigney en 1821. À l’intérieur, la voûte est constituée d’un lambris de couvrement refait sur le modèle de celui de l’église paroissiale. Un Christ en croix, en terre cuite peinte, est placé sur le poinçon de la poutre du chevet. L’autel à gradins, en bois, est orné de l’agneau aux sept sceaux. Il est entouré d’une bordure formée de grappes de raisins et de fleurs.

Autrefois les murs et la voûte lambrissée portaient des peintures murales rappelant des épisodes de la vie de saint Gilles.

La décoration se compose de compartiments rectangulaires formés par quatre lignes horizontales et neuf lignes verticales, en sorte qu'il y a comme trois longues zones, divisées chacune en huit sections par des lignes rougeâtres : les deux pans opposés de la voûte sont ornés d'après le même système. Les bandes transversales sont rehaussées d'arabesques, de têtes d'animaux, de poissons (allusion aux voyages de saint Gilles), de têtes d'homme grimaçantes (allusion au possédé), et de divers motifs fort simples. La bande verticale du centre est plus large et plus ornée, en particulier par trois anges qui tiennent des banderoles. Les compartiments sont occupés alternativement par des biches dont les attitudes sont des plus variées, et par des anges tenant des phylactères qui contenaient des inscriptions latines en caractères gothiques, se rapportant à la vie de saint Gilles, quelques-uns des anges - parfois ils ont par groupes de deux ou trois - ont le visage noir, sans doute pour figurer l'Orient (...). Ces peintures sont manifestement du XVe siècle ; le coloris est dur, mais le dessin, en particulier dans certaines têtes d'anges, d'ailleurs gracieuses et variées, montre un pinceau exercé ; quelques-uns des anges jouent d'instruments, tels que le triangle, l'orgue portatif et la psaltérion ; certaines parties endommagées ont été grossièrement repeintes.
Abbé L. Bosseboeuf
1891

Le dépliant dont est issue cette présentation a été réalisé en avril 2019
par l’association
Histoire & Patrimoine de Saint-Christophe-sur-le-Nais
Sources : Pierre Robert, Saint-Christophe-en-Touraine, 1984
Base Mérimée (en ligne) ; recherches de Lionel Royer.